dimanche 26 avril 2015

         Vie d'un pilote dans un "Groupe de Chasse" prestigieux comme le Groupe "ALSACE".


                                             





                                   Au mois d'août 70, je commencerai l'entrainement pour passer le brevet de "chef de patrouille". Cela devient plus sérieux car il faut apprendre à commander pour le combat, six avions et non plus deux, aussi bien pour des missions de combat en altitude que pour des attaques au sol sur des objectifs divers.
                Un moment triste et difficile pendant mon stage fut la disparition du N° 6 de ma patrouille

au cours d'une mission d'assaut à basse altitude. Ce jour là la météo n'était pas fameuse et le plafond assez bas dans la trouée de Belfort où nous avions un virage à 90° à effectuer avant d'arriver sur l'objectif. A l'issue du virage je fis un check carburant pour toute la patrouille, mais le N° 6 ne répondit pas. J'avais demandé au N° 5 de le chercher, mais il ne le retrouvera jamais. Nous apprendrons en rentrant à l'escadron que le sergent Jouan dit "la pomme" s'était crashé pendant ce fameux virage. Comme nous étions encore un peu lourd en carburant, les enquêteurs ont décrété qu'il aurait décroché en serrant un peu trop fort au cours du virage tout en étant trop bas. Ce sera pour moi la quatrième cérémonie funèbre sur la base 102 "Guynemer".
                 Au cours du mois de mai 71, nous passerons des moments sensationnels mais aussi très durs, car dans le cadre d'échanges escadrons nous recevrons une escadrille de pilotes écossais qui volaient sur "Lightning P1", un vilain monstre équipé de deux réacteurs montés l'un au-dessus de  l'autre. Ce sera la fête quasiment pendant une semaine. Ce qui faisait que la reprise du travail normal les matins était difficile. A cette occasion les pilotes écossais nous feront découvrir un cocktail redoutable, le "Mig-21", une mixture à base de liqueur du Prince Edouard avec une bonne dose de scotch et de la bière brune. ce n'était pas étonnant que les matins furent difficiles à négocier.


¨La course de 4 Cv





 Le podium



                 Comme dans n'importe quel escadron de chasse il y avait aussi dans le nôtre une tradition à respecter : c'était la remise de l'insigne du "Groupe" quand un pilote était déclaré opérationnel. L'ensemble des pilotes concoctait au hasard un affreux mélange de boissons différentes dans une énorme botte env erre d'au moins un litre dans laquelle le commandant plongeait l'insigne, et le récipiendaire devait tout boire pour récupérer son trophée. C'était l'ivresse garantie à moins de prendre certaines précautions avant de boire !!!
                 Les 18 et 19 novembre 1971, je partirai à Colmar avec six avions et mon commandant d'escadron pour passer les deux épreuves pour devenir chef de patrouille. L'une de ces épreuves était une interception à haute altitude contre une autre patrouille de six avions d'une autre  escadre, et la deuxième était une attaque d'objectif au sol. Le brevet de CP étant réussi nous irons dîner dans un bon restaurant de la région, et nous rentrerons à dijon le lendemain.
                 Cerise sur le gâteau, deux jours plus tard, le "Groupe Alsace" au complet partira en campagne de tir air/air et air/sol à Solenzara, en Corse. Dommage pour nous car le mois de novembre n'est pas génial pour profiter de la mer après le boulot ! Nous rentrerons le 9 décembre à la base, et après une semaine de congé, nous aurons des pilotes lybiens à former sur Mirage III E.
                Nous passerons un moment amusant le jour où une course de voitures  se déroulait sur la base. Comme nous étions plusieurs pilotes à posséder une petite 4CV Renault, l'un d'entre nous, avec l'accord des organisateurs, eu l'idée de faire pendant un entre'acte, une course de 4CV avec un départ style 24 H du mans. Equipés de notre combinaison, le casque et le masque à oxygène, nous avon fait un tabac.
                Toute bonnes choses ont une fin parait-il. Cela se confirma un jour de juin lorsque le commandant me convoqua dans son bureau pour m'annoncer que j'allais être muté à l'école de chasse à Tours. Sans doute y avait-il un besoin de moniteurs là-bas ! Je me suis défendu en lui expliquant que c'était dommage de m'avoir amené jusqu'au brevet de chef de patrouille,et de m'envoyer comme moniteur à l'école de chasse. Avec l'expérience que j'avais sur Mirage, c'était du gâchis, et quitte à faire de l'instruction, ce serait peut-être plus rentable de me renvoyer au 2/2" Côte-d'or" où je connaissais très bien le travail !!
                 Le "Patron" a sûrement bien défendu ma cause auprès de la hiérarchie car je suis revenu dans mon ancien escadron, mais dans une autre escadrille, celle de la mouette. Ouf ! le couperet était passé bien près !          

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