lundi 27 avril 2015

                                          Retour au "2/2 Côte-d'or" avant de partir.


                                       Mes dernières années et en tant qu'instructeur au 2/2 furent formidables. Nous avons eu beaucoup de pilotes étrangers à former au cours des années 71 et 72 : des colombiens très sympathiques, des argentins, brésiliens, vénézuéliens, puis des libyens (moins intéressants !) , mais nous étions obligés de nous en occuper puisque la France avait vendu des Mirages à la Libye ! Mais ils étaient tellement mauvais qu'il a fallu peu de temps avant de voir leurs Mirages au tapis !! Ensuite nous avons eu les belges, super sympa bien sûr, qui pour leur pot de départ avaient monté une énorme montagne de boîtes de bières dans un hangar !!
                  Il y a eu aussi un triste moment, c'est le jour où un commandant d'escadrille, le Cne Rose se crashera sur le champs de tir de Suippes (dans la Marne) au cours d'une passe de tir air/sol. Il était sans doute passé trop bas au cours d'une passe, et à la suite d'un ricochet un obus de 30mm vint sectionner une servo-commande d'aileron, l'avion partit en tonneaux et s'écrasa un peu plus loin après le champs de tir. Ejection impossible !!
                   Heureusement il y avait aussi beaucoup de moments de joie. A chaque fin de stage il y avait un arrosage et une soiré de fête. Une des plus réussie fut celle organisée par les colombiens. Leurs épouses étaient venues par avion, et nous avons dansé au rythme des musiques sud américaines. Quant aux argentins, ils avaient affrété un cargo "Hercules C 130" qui  avait apporté tout ce qu'il fallait pour organiser un " assado " : une soirée barbecue à la façon argentine. Avec les brésiliens ce fut bien sûr une soirée samba. Comme nous habitions un pavillon à la campagne pas loin de la base, nous organisions aussi de petites soirées à la maison.
                    Malheureusement un jour nous recevrons une mauvaise nouvelle : Le Capitaine Diaz, un de mes élèves s'était tué en service aérien commandé, en atterrissant sur la piste de la base de Bogota. Un pneu de son Mirage avait éclaté et il était sorti de la piste. La roulette de nez s'était brisée en passant dans une tranchée de travaux. L'avion s'était cassé en deux, et le Cne Diaz n'a pas survécu à l'accident. Peu de temps avant cette mauvaise nouvelle, le Cne Diaz m'avait envoyé une gentille carte postale.
                     En septembre 1973, le 25 de ce mois-là se produira un événement qui clôturera ma carrière de pilote de chasse. Nous étions en mission d'entrainement au combat  avec deux Mirages IIIB dans la région de Bourges. Nous avions, mon commandant d'escadron et moi, chacun notre élève en place avant, et qui avait les commandes. Nous étions en train de nous " enrouler " normalement quand tout d'un coup mon avion partit brutalement en vrille. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. Je reprit les commandes et j'ai appliqué la procédure de sortie de vrille, mais cela ne s'est pas passé comme dans les vrilles que je connaissais. Nous étions en fait en vrille à plat, ce qui est très rare sur le Mirage. Même les pilotes d'essais de chez Dassault n'avaient jamais pu en provoquer une. Bien sûr dans ces conditions le compresseur avait décroché, donc plus d'air pour la turbine, donc extinction !! Comme nous étions assez haut (26.000 pieds), environs 8000 mètres j'avais jugé que j'avais encore un moment pour essayer de sortir de là. Mais malgré mes efforts rien ne marchait, j'ai donc décidé l'éjection. Comble de malchance, comme j'étais en place arrière je devais m'éjecter le premier. Cela ne m'enchantait pas du tout mais c'était les consignes. En plus en vrille à plat il n'y avait pas de vent relatif, ce qui fait qu'au moment de l'éjection la verrière s'était simplement soulevée et quand je suis parti je suis passé à travers, elle s'est cassée, et j'en ai gardé un morceau comme souvenir. Puis ce fut une chute libre à 180 km/h assis sur le siège suspendu au bout de son petit parachute stabilisateur,jusqu'au passage des dix mille pieds (3000 m), où s'effectue la séquence automatique de séparation entre le siège et le pilote. Au choc à l'ouverture j'avais ressenti une douleur dans le dos, et je me suis retrouvé au-dessous de mon parachute. Mon premier réflexe fut de balayer le ciel pour trouver mon élève, je l'ai vu un peu au-dessus de moi, tout allait mieux !! Puis j'ai cherché l'avion, et je l'ai trouvé en dessous de moi, et il était toujours en vrille à plat et ne descendait pas très vite. Comme il faisait beau je voyais bien le sol et un petit groupe de maisons. A ce moment là une peur bleue m'avait serré le ventre, Est-ce qu'il va aller s'écraser sur une maison ? Chance énorme, il tombera dans un pré, à une centaine de mètres de la ferme ,au lieu-dit, ironie du sort, il s'appelait "le bout du monde" Au moment de l'impact je vis une explosion avec une flamme orange, c'était le carburant et les obus d'exercices qui éclataient. Il ne restait plus qu' à attendre l'atterrissage qui eut lieu pour moi dans une haie de troènes et pour mon stagiaire dans un champs de mais bien sec et bien dur, ce qui fait qu'il se fera mal encore à la colonne vertébrale qui en avait déjà prit un coup au moment de l'éjection. Les gendarmes ne mettront pas longtemps pour nous trouver. Puis une ambulance nous transportera jusqu'à la base d'Avord, près de Bourges. Je rentrerai à Dijon en Dassault 312 piloté par mon ami Marcel Charin. Quant à mon élève il restera à l'infirmerie de la base d'avord, il ne pouvait plus bouger. J'avais eu la présence d'esprit de rester toujours debout, ce qui m'avait permis de rentrer à la maison, où le soir même une bonne partie de l'escadron était venu faire un fête ! Le lendemain matin par contre j'étais resté bloqué au lit.
                         A cause de mes vertèbres fracturées j'aurai un mois d'arrêt de vol. Ce n'était pas grave, car de toutes les façons je devais partir à Toulouse début novembre pour un stage à l'Ecole Nationale de l'Aviation Civile. C'était terminé pour moi l'aviation militaire. Je devais maintenant préparer ma reconversion pour l'aviation civile .
                           C'était terminé aussi en ce qui concerne le sport d'équipe, comme le championnat de rugby militaire, et le championnat de volley-ball, où nous avions été battu en finale à Paris. Fini aussi pour le Pentathlon Aéronautique Militaire ( P.A.M.), que j'avais gagné avec l'équipe de de la 2ème escadre, en 1965. Terminé aussi pour les stages de ski de 15 jours à Val d'Isère où à Méribel. Toute les bonnes choses ont une fin, à ce qu'il parait. Mais j'aurai d'autres moments agréables à vivre. Des mauvais aussi, malheureusement.
 J'achève mes 15 ans 1/2 de carrière dans l'armée de l'air où je me suis bien éclaté. Une autre vie va commencer !!!!

Un Mirage IIIB après
une éjection







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